samedi, avril 14, 2007

Deauville: Big Bang Love Juvenile A

A l'occasion de la promo de son Tabou, le Grand Oshima avouait que la société japonaise était profondément homosexuelle. Avec Big Bang Love Juvenile A, le prolifique Takashi Miike aborde à son tour et à sa façon le thème de l'homosexualité à travers une oeuvre originale placée sous le signe de l'Attirance. Il signe son premier film d'auteur, étonnant de maîtrise à tous les niveaux.


Big Bang Love Juvenile A (BBLJA) de Takashi Miike

Jun travaille dans un bar homosexuel. Constamment harcelé par un client, Jun finit par le tuer en s'acharnant sur lui. N'exprimant aucun remord, il se retrouve incarcéré. En prison, il fait la connaissance de Shiro, jeune homme récidiviste, impulsif, au corps orné d'un magnifique tatouage.

A l'instar de Lars Von Trier et son Dogville, Miike questionne à son tour les codes cinématographiques et travaille le cinéma comme un matériau brut en constante mutation. Les décors sont épurés, souvent réduits à une simple paroi, voire un simple trait sur le sol. Il orchestre un ballet de visages androgynes, de sentiments cachés, d'attirances inavouées et de dialogues étouffés. Le tout relève plus du poème que du simple essai formel. Le réalisateur filme ses énigmatiques personnages en gros plan, il saisit leurs regards croisés tandis que les corps imbibés de sueur deviennent de véritables textures vivantes. Chaque plan devient un tableau, parfois surréaliste, dans lequel chaque mouvement, chaque murmure compte. Puis, peu à peu, suite à un étrange meurtre, le film de Miike, tout en restant homogène et impliquant se meut en polar désacralisé où les enquêteurs traversent le récit comme des ombres, les décibels sonores de leurs questionnements s'évanouissent en sous-titres déshumanisés et les réponses finissent par tomber mais Miike oeuvrant en véritable auteur, garde égoïstement pour lui certaines pièces du puzzle. BBLJA est construit comme une quête initiatique, chaque personnage doit essayer de se construire à travers le regard de l'autre. L'existence est ici érigée en escalier dont les marches se franchissent tels de véritables rites de passage, « tu seras un homme mon fils ». Pour se repérer, l'humain se crée des modèles, tend à les dépasser afin de tourner la page et se trouver, certains y parviennent, d'autres trébuchent et disparaissent dans le néant. BBLJA est à ce titre, juste un film passionnant.

Aucun commentaire: