mercredi, octobre 28, 2009

Vous avez dit "Xexex" ?

En 1991, dans les salles de jeux japonaises, débarquait Xexex, un shoot them up de Konami. Derrière ce patronyme un peu étrange se cache un mythique shooting game méconnu. Si peu de gens s'en souviennent, c'est en partie dû à l'actualité arcade de l'époque puisque Street Fighter II venait de sortir, accaparant les joueurs du monde entier. En marge de cette frénésie de coups de poing et de pied, Xexex n'est pas resté longtemps à l'affiche. Ce n'est malheureusement pas le premier jeu à faire les frais de la concurrence. Souvent, ces titres sortis dans le tumulte et la saturation bénéficient d'un droit au rattrapage grâce à la case Console. Le problème, c'est qu'à l'époque, aucun système de jeu familial n'a pu accueillir Xexex, ce dernier étant doté d'effets spéciaux révolutionnaires pour l'époque. Un temps pressenti sur Pc Engine SCd Rom² puis sur Cd Rom Super Nes (support finalement jamais commercialisé), il faudra attendre 2007 pour jouer à Xexex chez soi via la PSP de Sony et la compilation Konami Salamander Portable. Bien sur, personne ne vous empêche de goûter à la PCB arcade si vous possédez une borne.

La Princesse Irène La Tias de la planète E-Square a été kidnappée par un empereur galactique nommée Klaus Pachel Bell. Les vaisseaux de guerre bio-cyber de Klaus sont partout et occupent l'espace imposant une domination sans partage. Pour contrer l'invasion de l'Empire méphitique, le seul espoir c'est vous et votre super vaisseau de combat expérimental: le Flint Lock. Pour réussir la mission de sauvetage, il va falloir apprendre à maîtriser le Flint, une forme de vie hybride et outil indispensable à votre succès.

Xexex est un shoot them up 2D au scrolling horizontal développant un gameplay à la R-type(1987). Le Flint Lock dispose de tirs variés à base de laser comme le round, le homing, le spiral, le search ou encore le très puissant shadow. A ces tirs s'ajoutent la gestion du Flint. Trois utilisations sont possibles. En 1, le "Beam"; il suffit d'appuyer longuement sur le bouton A, puis de relâcher quand le Flint est chargé, là, toute la puissance de cette force hybride et tentaculaire se déploie à l'avant du vaisseau et détruit tout ou presque sur son passage. En 2, il vous est possible de substituer au beam, un lancer de Flint (bouton B). Ce dernier se colle alors à l'ennemi et ne le lâche qu'une fois anéanti (valable aussi pour les boss). 3ème utilisation: laisser le Flint libre de se déplacer sur l'écran de jeu. L'appendice sert alors de bouclier pour le Space Craft. Certains passages tendus vous obligeront à jongler avec ses trois techniques d'usage, sachant que si le Flint est séparé du vaisseau, le tir de base devient automatique. Pour vous en sortir, il faudra connaître les 7 stages quasiment par cœur tant les pièges sont nombreux sur votre parcours sous peine de recommencer au checkpoint précédent pour toute perte de vie. Xexex mise aussi sur son rythme souvent frénétique (stages 5, 6 et 7) où vos réflexes seront largement sollicités.

Ce qui fait la force de Xexex, c'est avant tout son design ultra original conçu par des graphistes probablement accrocs aux substances illicites. Un style visuel saturé de couleurs venu d'ailleurs avec d'époustouflants effets spéciaux faits de rotations, distorsions, zooms... Aucun stage ne fait abstraction de ces prouesses techniques qui je le rappelle étaient vraiment exceptionnelles pour la période. Mais Xexex va encore plus loin avec des backgrounds osant toutes les singularités à l'image du stage 2 et de ses parois jonchées d'atomes et d'électrons en mouvement. Sur le stage 6, votre vaisseau va être happé par un vortex temporel rappelant l'hyper espace de Star Wars. Le scrolling s'accélère et le danger devient plus prégnant. Mais le niveau le plus bizarre restera sans doute le 5ème, offrant des sprites modélisés en 3D pré-rendue et des explosions type fil de fer. Xexex affiche alors un rendu 3D d'anticipation. Plus tard, d'autres shoot them up proposeront des séquences similaires comme Thunder Force V, Radiant Silvergun ou encore Ray Crisis. Les boss affrontés durant l'aventure sont à l'image du reste, surprenants à l'instar de cet immense dragon croisé à la fin du 3ème stage et qui fait suite à un niveau furieusement anachronique au level design aux petits oignons. Ce dragon, tout droit tiré d'estampes chinoises embrasse la totalité de l'écran avant de rompre sous le joug du Flint. Plus tard (4ème étape), un amas bio-organique vous défiera comme dans la plupart des scroller shooter de l'époque. Ce qui est intéressant dans Xexex, c'est que le joueur ne sait jamais où il se trouve vraiment, sommes-nous dans l'espace? Sommes-nous dans une allégorie au corps humain? Rien ou presque ne nous renvoie à quelque chose de familier d'où une immersion dans le ressenti plus que dans l'image.

Konami propose donc au joueur un âpre challenge qui ne permet pas d'erreur. Tout se paye cash ici et vous n'aurez que 3 vies pour connaître la fin de l'histoire. Mais attention, Xexex n'est jamais impossible et une bonne connaissance des niveaux et de l'armement vous mènera au bout du bout en vous assurant une longue espérance de vie. A ce sujet, des extra-lifes sont à ramasser aléatoirement à quelques endroits stratégiques du jeu et offriront aux opportunistes une chance supplémentaire de sauver la belle Irène et ses longs cheveux bleus. Une fois le boss final vaincu, le jeu redémarre à nouveau avec une difficulté accrue et un soupçon d'évolution visuelle.
Même si le gameplay est calqué sur R-Type, Xexex se démarque suffisamment pour créer sa propre définition du shooting game qui pourrait être résumé par cette maxime: Xexex ou le shmup de l'étrange.

La bande son se marie à merveille à l'insolite visuel du jeu. On la doit au Konami Kukeiha Club qui, à l'occasion, a produit 2 versions de la B.O; certains thèmes resteront en tête, partie terminée. A noter que les stages visités sont entrecoupés par quelques plans ecchi d'un dessin animé mettant en scène la princesse Irène et son androgyne ravisseur Klauss. Xexex fait partie de mes shoot them up favoris, en tout cas un des plus immersifs qui soit. Xexex n'est jamais chiant, toujours intense et furieusement original. A noter qu'il existe 2 révisions du titre de Konami mais il est de bon ton de privilégier la mouture japonaise. Une chance, la compilation Salamander (PSP) embarque le bon opus. Amateurs d'ovnis vidéo ludiques oubliés, Xexex est fait pour vous, ce chef d'œuvre de Konami est supérieur à la plupart des shooting game de l'éditeur, Gradius et consorts. Cette dernière remarque n'engage bien évidemment que moi.

photos:
arcadeflyers.com
hardcoregaming101.net
sources:
insomnia.ac

mercredi, octobre 14, 2009

Mind Game, une œuvre phare du 21ème siècle



L’arrivée en vidéo du film Mind Game de Yuasa Masaaki a été une énième fois repoussée et l’éditeur Potemkine évoque désormais le 18 Novembre.

Attention ! Si vous voyez Mind Game pour la première fois, préparez-vous à un choc visuel sans précédent ! Mouvements de caméra défiant les lois de l’apesanteur, objectif ultra grand angle, melting pot stylistique et couleurs psychédéliques sont au programme de cette heure 40 de purs délires formels. Dotés de décors oscillant entre l’esquisse, le crayonné et le chiadé, de personnages tantôt réalistes, tantôt caricaturaux, Mind Game ose tout mais pas n’importe quoi. Les rêves éveillés des héros de l’aventure, l’entrevue avec Dieu, les errances de Nishi ne sont pas de simples divagations, tout a un sens, chaque détail insignifiant construit sa propre logique. Mind Game surprend à chaque instant, la moindre minute de métrage est digne d’intérêt. La qualité d’animation est telle qu’on a l’impression que tout bouge, que le moindre objet a quelque chose à raconter. Les personnages, stéréotypés au début évoluent et murissent, apprennent à se connaître, à s’apprécier, à s’aimer non sans émotion ni poésie. Les yeux écarquillés, l’air béat, le spectateur est valdingué de droite à gauche, de haut en bas, il s’amuse de situations cocasses, vit le film au même rythme que les héros. La tête à l’envers, il suit les péripéties avec un bonheur non dissimulé, persuadé, à juste titre de vivre un moment inoubliable. L’humour fait mouche, avec des allusions bien vues à la coupe du Monde de Foot de 2002, à Figo et Zizou, à James Bond.

Mind Game n’oublie jamais d’être japonais, on y retrouve donc pêle-mêle ses traditionnel yakusas, ses villages et maison typiques, les sushis et plats de poissons appétissants, son vieil homme pervers, ses tsunamis et… l’océan, cette fois-ci vu de l’intérieur. Dire que Mind Game est foisonnant relève d’un euphémisme plus gros que Tokyo tant l’œuvre issue du studio 4°C virevolte dans tous les sens. Nuançant cette frénésie visuelle, de longues pauses permettent au spectateur de reprendre peu à peu ses esprits et au récit d’avancer ses pions. Les personnages doutent, baissent les bras, se morfondent puis s’amusent de nouveau, reprennent espoir et grandissent jusqu’à devenir trop grands pour leur prison marine (j’en dis pas plus !). Dans la vie, chacun de nous a droit à une deuxième chance, c’est sans doute la phrase qui résume ce film fou, que certains qualifient de timbré.

Mind Game mélange plusieurs styles visuels. Le dessin traditionnel se marient aux prises de vues réelles et à la 3D qui, utilisée avec parcimonie ajoute un degré supplémentaire de folie graphique. Grand carrefour d’idée et d’expérimentations en tout genre, Mind Game mérite une bande son à la hauteur de l’ensemble. Sur ce point aussi, nous ne sommes pas déçus du voyage grâce à des musiques et des chansons parfaitement dans le ton du film.

Noyé dans un brouhaha de fureur animée, l’amour ne tarde pas à triompher et comme d’accoutumée, il donne des ailes !

C’est une histoire d’amoureux !

Nishi, un étudiant d’Osaka passe son temps à dessiner des mangas. Myon est une jeune et jolie fille à la poitrine généreuse. Ces deux là se connaissent depuis l’enfance. Ils s’aimaient bien à l’époque avant de se perdre de vue. Ce soir, le destin leur offre d’authentiques retrouvailles mais Myon annonce à Nishi l’existence d’un prétendant au mariage, Ryo, bien plus balèze que le frêle mangaka. Ce petit monde se retrouve à manger des yakitoris au restaurant familial de Myon. Là, son père, plein comme un tonneau se laisse aller et expose ses frasques amoureuses. La sœur de Myon, Yan est aussi de la partie. Recherchant activement le papa bourré, deux yakusas font irruption dans le resto et ne tardent pas à semer le trouble. Atsu, géant par la taille, ancienne gloire du foot nippon a les nerfs qui tremblent tandis que l’expérimenté Aniki ne laisse rien paraître. Le premier se montre violent, le deuxième ne réussit pas à le tempérer. Ryo se jette sur Atsu, en vain. En proie aux désirs violents et sexuels de l’immense yakusa, Myon se débat, à sa merci. Peureux invétéré, Nishi rampe comme un cafard et mouille son pantalon, avant d’être pris à parti par Atsu. Le géant sort son flingue, menace l’étudiant et finit par le tuer. Devant Dieu, Nishi fait preuve de courage et revient, bien décidé à vivre sa vie différemment. Vont suivre, les aventures les plus folles que le cinéma d’animation nippon ait connues !

Les meilleurs au rendez-vous.

Pour mettre en scène et réussir un film pareil, d’illustres noms de l’animation japonaise ont collaboré. Il faut savoir que Mind Game est adapté du manga en 3 volumes de Robin Nishi. Le directeur de l’animation n’est autre que le génial Morimoto Koji (Memories) du studio 4°C (Amer Beton). Le réalisateur Yuasa Masaaki, dont c’est le premier film s’est déjà distingué sur Samurai Champloo comme animateur. A la production de la musique, on retrouve Watanabe Shinichiro, le metteur en scène de Cowboy Bebop. La bande originale du film est signée par le groupe Fayray, Yamamoto Seiichi (Ichi the Killer) et Kanno Yoko (Macross plus). En renfort, d’autres compagnies ont également participé à l’animation de Mind Game, à savoir Gainax (Evangelion) et Production I.G (Ghost in the Shell). Le célèbre Studio Madhouse (Ninja Scroll) distribua le film au Japon.

Pourtant récompensé à de nombreuses reprises, notamment par le grand prix du Japan Media Arts festival en 2004, Mind Game n’a pu bénéficier d’une sortie nationale en France, c’est pour cette raison que le DVD est attendu avec une impatience non dissimulée. Le long métrage est proposé en VOSTF, format cinéma 2.35 respecté.

samedi, octobre 10, 2009

DILLINGER, bandit bandit!

C'est bien connu, les gangsters ne vivent pas vieux. John Dillinger est mort en 1934 à 31 ans. De 1931 à 1934, il est rapidement devenu l'ennemi public n°1. Braqueur de banque surdoué et chef de bande incontesté, Dillinger n'est pas une petite frappe. En 4 ans, il va multiplier les pillages de banques jusqu'à amasser plus de 300 000 dollars en se jouant de la police. Seul Melvin Purvis du balbutiant FBI va réussir à le stopper après une mémorable traque en pleine période de dépression économique.

Vous avez certainement entendu parler de John Dillinger dernièrement puisque le réalisateur Michael Mann lui a consacré un film cette année, Public Ennemi étant sorti sur les écrans de cinémas français en Juillet. Mais le réalisateur de Heat n'est pas le seul à avoir immortalisé le célèbre gangster sur pellicule. En 1973, John Milius, le réputé metteur en scène de Conan le Barbare avait signé un long-métrage sobrement intitulé Dillinger.

Le John Dillinger du film de Milius ressemble a s'y méprendre au vrai gangster des années 30. C'est Warren Oates qui incarne avec un talent fou le braqueur de banques le plus connu des états-unis. Le film s'intéresse aux dernières années de la vie de Dillinger, de la création du mythe populaire à la chute de l'icône. Le réalisateur nous montre donc comment un charismatique voleur est devenu l'ennemi public n°1. Conçu comme un film d'action de série B, le rythme y est très soutenu grâce à une mise en scène extrêmement moderne pour un film de 1973. Caméra à l'épaule, John Milius filme des fusillades que le grand Sam Pekinpah ne renierait pas. Le spectateur est littéralement soufflé par l'intensité de ces séquences, nombreuses et qui dépeignent l'âpreté des duels flics voyous de l'époque.

Considéré par l'opinion publique comme une sorte de Robin des bois américain, John Dillinger maîtrisait parfaitement sa communication et souhaitait être reconnu de son vivant, il plaisantait avec les journalistes et attirait les objectifs des photographes, un aspect de sa personnalité parfaitement retranscrit dans le film. Véritable star du braquage, l'homme avait pourtant une faiblesse: les femmes. Pas vraiment romantique mais réellement attachant, il s'entiche de Billy Frechette qui le suivra jusqu'à la fin. Pour la première fois à l'écran, c'est Michelle Phillips qui incarne la jeune femme. Celle-ci n'a rien d'une Bonnie Parker mais restera dévouée et furieusement attachée à Dillinger.
Jamais lourdes, les scènes consacrées à cette idylle amoureuse permettent de souffler entre deux braquages héroïques. Dillinger de John Milius est un film violent, les gunfights laissant derrière eux des myriades de morts. Si le le héros de l'histoire se défend d'avoir tué quiconque, ce n'est pas le cas de ses fidèles lieutenants et des mecs comme Baby Face Nelson, Pretty Boy Floyd, Harry Pierpont, Homer Van Meter n'ont rien d'enfants de chœur. Baby Face Nelson, interprété par Richard Dreyfuss a tout du psychopathe et dans le feu de l'action, il n'hésite pas à tuer des innocents. L'image de Dillinger, braqueur stylé et peu enclin à tuer en pâtit forcément. John Milius prouve qu'il a le sens du récit et son film n'est pas une simple accumulation de scènes de braquages bien péchues. A plusieurs reprises il propose des clips construits autour de coupures de journaux relatant les exploits de la bande à Dillinger. Ces courtes séquences alternant les images fixes zoomées, des plans filmés type archives en noirs et blanc et des extraits d'articles journalistiques permettent au spectateur de faire une pause sans s'extraire du rythme effréné soutenu par le film. Le montage de ces clips représente un véritable tour de force filmique.

Dillinger de John Milius raconte l'histoire d'un des plus grands braqueurs de banques de l'histoire mais le film est narré par son principal ennemi, à savoir l'agent du FBI Melvin Purvis. L'homme se la pète grave avec son cigare au bec. C'est le patron dans tous les sens du terme. Visage buriné et ridé, mitraillette et flingue en mains, c'est le redresseur de tort typique croisé notamment dans les westerns. L'acteur Ben Johnson se fait l'interprète de cette figure ultra charismatique de la police fédérale. Implacable et imperturbable, il avance sans se retourner avec un seul but en tête, tuer Dillinger. Dans le film de Milius, il ne cesse d'éradiquer le crime en défiant tous les grands gangsters de la période et son tableau de chasse est impressionnant. Le réalisateur prend le temps d'installer le personnage de Purvis grâce à des séquences d'actions et de traquenards dont il est le héros. Les deux figures principales du film sont donc traitées avec le même égard, ce qui donne plus de corps à la dualité gendarme voleur. Ce n'est qu'après un long chassé-croisé qu'ils seront enfin confrontés pour les besoins d'une épique fusillade matinale.

Les années 30 sont parfaitement restituées, on s'y croirait. Rien est oublié à commencer par les armes et notamment les célèbres sulfateuses de l'époque, les voitures aussi... mais c'est surtout l'ambiance du film qui plaît avec une bande son en adéquation parfaite avec l'imagerie de l'ensemble. Les courses poursuites caméra embarquée sur les chemins de terre sont criantes de vérité, on est loin, très loin des films de studio de l'époque et leur mise en scène plate et classique, ici tout est fureur, tout est mouvement.

Vous l'aurez sans doute compris, Dillinger de John Milius, tourné en 1973 est un chef d'œuvre du film de gangster, un long-métrage à la mise en scène époustouflante et aux personnages charismatiques. Parfaitement imagé, ce biopic de haut vol restitue avec frénésie les aventures de Dillinger et sa bande sur fond de crise économique massive.

A noter que l'actrice Michelle Phillips qui incarne Billy Frechette, la fidèle compagne de Dillinger est aussi connue pour être un des membres fondateurs du groupe The Mamas & the Papas.

mardi, septembre 29, 2009

Libérez Polanski!!!



C'est quoi cette merde! Mais où on est? Polanski est arrêté alors que la présumée victime (13 ans à l'époque des faits) a abandonnée sa plainte, voulant oublier cet épisode de sa vie. Les Etats-Unis mettent en prison de jeunes adultes pour fellation consentante parce que la fille à 17 ans, alors c'est pas étonnant de voir qu'une histoire de mœurs de plus de 30 ans puisse revenir hanter l'un des plus grands cinéastes en activité. La justice américaine brandit son grand bâton d'inquisiteur pour prouver au monde entier que personne n'est au dessus des lois. Mais cette même justice fait peine à voir quand on sait que des innocents attendent la mort dans les couloirs du même nom. Rien ne va plus! Quand on voit que Serena Williams est contrainte de faire des excuses publiques pour une parole en trop envers une juge de ligne, on peut se poser des questions sur les déroute d'un système fondé sur la toute puissance de l'opinion publique et la pression médiatique. Mais revenons à notre cher Roman, soutenu comme il se doit par des pétitionnaires de renom, il serait quand même dommage que sa carrière exemplaire se termine par une queue de poisson pas frais.

mercredi, mai 20, 2009

VENGEANCE !!!!!!!!!!!!!!!!!

Ah, la vengeance! Un thème cinématographique inépuisable qui compte un nombre incalculable de films plus exceptionnels les uns que les autres. Si l’on se souvient tous du Vieux fusil d’Enrico, un des grand moments du cinéma français avec un Philippe Noiret éblouissant ; en Asie, aussi la vengeance est un plat qui se mange froid. Le film Vengeance ! réalisé par Chang Cheh en 1970 a marqué toutes les mémoires avec notamment un David Chiang inoubliable en vengeur fraternel.

Johnnie To, le monsieur cinéma HK actuel, le génial metteur en scène des films PTU, The Mission, Exiled, du diptyque Election ou encore de Breaking News se met lui aussi aux représailles héroïques avec le film « Vengeance » sorti hier Mercredi 20 dans nos cinémas. Présenté en compète à Cannes quelques jours plus tôt, ce polar dans la plus pure veine des autres films du réalisateur propose une originalité singulière : la présence au générique de Johnny Halliday. Le personnage interprété par le chanteur (Francis Costello) se rend à Macau pour venger les assassinats de sa fille, de son gendre et de ses 2 petits enfants.

Admirateur du cinéma de Melville comme peut l’être également John Woo, Johnnie To utilise la gueule et le corps de Johnny comme une icône française échappé des grands films policiers des années 60 ou 70. Un chapeau sur la tête, vêtu d’un manteau noir, le personnage arpente les rues de la ville à la recherche des tueurs qui ont massacré sa famille. Par hasard, il fait rapidement la connaissance d’autres tueurs à gage auxquels il propose de l’argent et presque toute sa vie. Alors épaulé par 3 acteurs hongkongais made in Johnnie To, à savoir Lam Suet, Anthony Wong et Gordon Lam, Johnny Halliday s’en sort bien, très bien même si l’on excepte bien entendu son anglais approximatif et son jeu un peu faux. Une union sacrée unit rapidement le club des 4 avec comme valeur principale, le respect et la tolérance. Johnnie To excelle dans de pures séquences de cinéma avec une lumière, un cadrage et une mise en scène de génie. Alors, le spectateur se met à y croire, à croire que To a réussi à faire un polar avec Johnny Halliday, à rendre l’acteur chanteur enfin crédible dans le drame. L’homme parle peu mais impose sa gueule, son visage buriné sa simplicité mais surtout sa fragilité. Cuisine, flingues, poésie, humour et fusillades entrent rapidement en jeu et les figures de style du réalisateur explosent à l’écran, on nage en plein bonheur. A noter, la nouvelle performance de Simon Yam, en chef de triade infantile et incompétent.

Et puis, Johnnie To et Wai Ka Fai, son copain scénariste décident de rendre notre Johnny amnésique et seul. Livré à lui-même, l’acteur ne tarde pas à montrer ses faiblesses et sa seule présence à l’écran, sans ses frères de sang (partis guerroyer pour les besoins d’un gunfight jubilatoire) ne réussit pas à nous émouvoir et à nous emballer outre mesure. Le tout devient plus lourd, voire lourdingue avec un traitement du symbolique très maladroit, à l’image de cette séquence où Francis Costello prie, seul sur la plage pendant de nombreuses heures, bientôt entouré par les fantômes de son passé. Perdu, se trouvant une famille d’adoption, le gangster ne sait plus où il est, ne sait plus pourquoi il doit tuer. Cette orientation cinématographique est certes courageuse mais la mayonnaise ne prend pas. Bien sur le final retrouve du corps, la vendetta retrouve de sa superbe, les flingues s’imposent à nouveau mais il est trop tard. Le spectateur a déjà quitté le navire et les dernières séquences sont malheureusement subies. On sort de là, frustré comme jamais, merde Johnnie To n’a pas réussi son pari, n’est pas parvenu à signer le film de la consécration. A moins que…

Je ne lis pas les critiques avant d’aller voir un film. Mais je m’amuse à les parcourir après la séance. Pour Les Inrock, Les Cahiers, et les autres, Vengeance est un chef d’œuvre du film noir, un polar virtuose et parfaitement maîtrisé. Johnny trouve enfin un rôle à son image. Alors me suis-je trompé ? N’ai-je pas saisi toutes les nuances du scénario, les subtilités formelles ? Franchement, je ne pense pas. Le revoir ? Pourquoi pas, mais pas tout de suite…