mercredi, octobre 14, 2009

Mind Game, une œuvre phare du 21ème siècle



L’arrivée en vidéo du film Mind Game de Yuasa Masaaki a été une énième fois repoussée et l’éditeur Potemkine évoque désormais le 18 Novembre.

Attention ! Si vous voyez Mind Game pour la première fois, préparez-vous à un choc visuel sans précédent ! Mouvements de caméra défiant les lois de l’apesanteur, objectif ultra grand angle, melting pot stylistique et couleurs psychédéliques sont au programme de cette heure 40 de purs délires formels. Dotés de décors oscillant entre l’esquisse, le crayonné et le chiadé, de personnages tantôt réalistes, tantôt caricaturaux, Mind Game ose tout mais pas n’importe quoi. Les rêves éveillés des héros de l’aventure, l’entrevue avec Dieu, les errances de Nishi ne sont pas de simples divagations, tout a un sens, chaque détail insignifiant construit sa propre logique. Mind Game surprend à chaque instant, la moindre minute de métrage est digne d’intérêt. La qualité d’animation est telle qu’on a l’impression que tout bouge, que le moindre objet a quelque chose à raconter. Les personnages, stéréotypés au début évoluent et murissent, apprennent à se connaître, à s’apprécier, à s’aimer non sans émotion ni poésie. Les yeux écarquillés, l’air béat, le spectateur est valdingué de droite à gauche, de haut en bas, il s’amuse de situations cocasses, vit le film au même rythme que les héros. La tête à l’envers, il suit les péripéties avec un bonheur non dissimulé, persuadé, à juste titre de vivre un moment inoubliable. L’humour fait mouche, avec des allusions bien vues à la coupe du Monde de Foot de 2002, à Figo et Zizou, à James Bond.

Mind Game n’oublie jamais d’être japonais, on y retrouve donc pêle-mêle ses traditionnel yakusas, ses villages et maison typiques, les sushis et plats de poissons appétissants, son vieil homme pervers, ses tsunamis et… l’océan, cette fois-ci vu de l’intérieur. Dire que Mind Game est foisonnant relève d’un euphémisme plus gros que Tokyo tant l’œuvre issue du studio 4°C virevolte dans tous les sens. Nuançant cette frénésie visuelle, de longues pauses permettent au spectateur de reprendre peu à peu ses esprits et au récit d’avancer ses pions. Les personnages doutent, baissent les bras, se morfondent puis s’amusent de nouveau, reprennent espoir et grandissent jusqu’à devenir trop grands pour leur prison marine (j’en dis pas plus !). Dans la vie, chacun de nous a droit à une deuxième chance, c’est sans doute la phrase qui résume ce film fou, que certains qualifient de timbré.

Mind Game mélange plusieurs styles visuels. Le dessin traditionnel se marient aux prises de vues réelles et à la 3D qui, utilisée avec parcimonie ajoute un degré supplémentaire de folie graphique. Grand carrefour d’idée et d’expérimentations en tout genre, Mind Game mérite une bande son à la hauteur de l’ensemble. Sur ce point aussi, nous ne sommes pas déçus du voyage grâce à des musiques et des chansons parfaitement dans le ton du film.

Noyé dans un brouhaha de fureur animée, l’amour ne tarde pas à triompher et comme d’accoutumée, il donne des ailes !

C’est une histoire d’amoureux !

Nishi, un étudiant d’Osaka passe son temps à dessiner des mangas. Myon est une jeune et jolie fille à la poitrine généreuse. Ces deux là se connaissent depuis l’enfance. Ils s’aimaient bien à l’époque avant de se perdre de vue. Ce soir, le destin leur offre d’authentiques retrouvailles mais Myon annonce à Nishi l’existence d’un prétendant au mariage, Ryo, bien plus balèze que le frêle mangaka. Ce petit monde se retrouve à manger des yakitoris au restaurant familial de Myon. Là, son père, plein comme un tonneau se laisse aller et expose ses frasques amoureuses. La sœur de Myon, Yan est aussi de la partie. Recherchant activement le papa bourré, deux yakusas font irruption dans le resto et ne tardent pas à semer le trouble. Atsu, géant par la taille, ancienne gloire du foot nippon a les nerfs qui tremblent tandis que l’expérimenté Aniki ne laisse rien paraître. Le premier se montre violent, le deuxième ne réussit pas à le tempérer. Ryo se jette sur Atsu, en vain. En proie aux désirs violents et sexuels de l’immense yakusa, Myon se débat, à sa merci. Peureux invétéré, Nishi rampe comme un cafard et mouille son pantalon, avant d’être pris à parti par Atsu. Le géant sort son flingue, menace l’étudiant et finit par le tuer. Devant Dieu, Nishi fait preuve de courage et revient, bien décidé à vivre sa vie différemment. Vont suivre, les aventures les plus folles que le cinéma d’animation nippon ait connues !

Les meilleurs au rendez-vous.

Pour mettre en scène et réussir un film pareil, d’illustres noms de l’animation japonaise ont collaboré. Il faut savoir que Mind Game est adapté du manga en 3 volumes de Robin Nishi. Le directeur de l’animation n’est autre que le génial Morimoto Koji (Memories) du studio 4°C (Amer Beton). Le réalisateur Yuasa Masaaki, dont c’est le premier film s’est déjà distingué sur Samurai Champloo comme animateur. A la production de la musique, on retrouve Watanabe Shinichiro, le metteur en scène de Cowboy Bebop. La bande originale du film est signée par le groupe Fayray, Yamamoto Seiichi (Ichi the Killer) et Kanno Yoko (Macross plus). En renfort, d’autres compagnies ont également participé à l’animation de Mind Game, à savoir Gainax (Evangelion) et Production I.G (Ghost in the Shell). Le célèbre Studio Madhouse (Ninja Scroll) distribua le film au Japon.

Pourtant récompensé à de nombreuses reprises, notamment par le grand prix du Japan Media Arts festival en 2004, Mind Game n’a pu bénéficier d’une sortie nationale en France, c’est pour cette raison que le DVD est attendu avec une impatience non dissimulée. Le long métrage est proposé en VOSTF, format cinéma 2.35 respecté.

Aucun commentaire: