samedi, octobre 10, 2009

DILLINGER, bandit bandit!

C'est bien connu, les gangsters ne vivent pas vieux. John Dillinger est mort en 1934 à 31 ans. De 1931 à 1934, il est rapidement devenu l'ennemi public n°1. Braqueur de banque surdoué et chef de bande incontesté, Dillinger n'est pas une petite frappe. En 4 ans, il va multiplier les pillages de banques jusqu'à amasser plus de 300 000 dollars en se jouant de la police. Seul Melvin Purvis du balbutiant FBI va réussir à le stopper après une mémorable traque en pleine période de dépression économique.

Vous avez certainement entendu parler de John Dillinger dernièrement puisque le réalisateur Michael Mann lui a consacré un film cette année, Public Ennemi étant sorti sur les écrans de cinémas français en Juillet. Mais le réalisateur de Heat n'est pas le seul à avoir immortalisé le célèbre gangster sur pellicule. En 1973, John Milius, le réputé metteur en scène de Conan le Barbare avait signé un long-métrage sobrement intitulé Dillinger.

Le John Dillinger du film de Milius ressemble a s'y méprendre au vrai gangster des années 30. C'est Warren Oates qui incarne avec un talent fou le braqueur de banques le plus connu des états-unis. Le film s'intéresse aux dernières années de la vie de Dillinger, de la création du mythe populaire à la chute de l'icône. Le réalisateur nous montre donc comment un charismatique voleur est devenu l'ennemi public n°1. Conçu comme un film d'action de série B, le rythme y est très soutenu grâce à une mise en scène extrêmement moderne pour un film de 1973. Caméra à l'épaule, John Milius filme des fusillades que le grand Sam Pekinpah ne renierait pas. Le spectateur est littéralement soufflé par l'intensité de ces séquences, nombreuses et qui dépeignent l'âpreté des duels flics voyous de l'époque.

Considéré par l'opinion publique comme une sorte de Robin des bois américain, John Dillinger maîtrisait parfaitement sa communication et souhaitait être reconnu de son vivant, il plaisantait avec les journalistes et attirait les objectifs des photographes, un aspect de sa personnalité parfaitement retranscrit dans le film. Véritable star du braquage, l'homme avait pourtant une faiblesse: les femmes. Pas vraiment romantique mais réellement attachant, il s'entiche de Billy Frechette qui le suivra jusqu'à la fin. Pour la première fois à l'écran, c'est Michelle Phillips qui incarne la jeune femme. Celle-ci n'a rien d'une Bonnie Parker mais restera dévouée et furieusement attachée à Dillinger.
Jamais lourdes, les scènes consacrées à cette idylle amoureuse permettent de souffler entre deux braquages héroïques. Dillinger de John Milius est un film violent, les gunfights laissant derrière eux des myriades de morts. Si le le héros de l'histoire se défend d'avoir tué quiconque, ce n'est pas le cas de ses fidèles lieutenants et des mecs comme Baby Face Nelson, Pretty Boy Floyd, Harry Pierpont, Homer Van Meter n'ont rien d'enfants de chœur. Baby Face Nelson, interprété par Richard Dreyfuss a tout du psychopathe et dans le feu de l'action, il n'hésite pas à tuer des innocents. L'image de Dillinger, braqueur stylé et peu enclin à tuer en pâtit forcément. John Milius prouve qu'il a le sens du récit et son film n'est pas une simple accumulation de scènes de braquages bien péchues. A plusieurs reprises il propose des clips construits autour de coupures de journaux relatant les exploits de la bande à Dillinger. Ces courtes séquences alternant les images fixes zoomées, des plans filmés type archives en noirs et blanc et des extraits d'articles journalistiques permettent au spectateur de faire une pause sans s'extraire du rythme effréné soutenu par le film. Le montage de ces clips représente un véritable tour de force filmique.

Dillinger de John Milius raconte l'histoire d'un des plus grands braqueurs de banques de l'histoire mais le film est narré par son principal ennemi, à savoir l'agent du FBI Melvin Purvis. L'homme se la pète grave avec son cigare au bec. C'est le patron dans tous les sens du terme. Visage buriné et ridé, mitraillette et flingue en mains, c'est le redresseur de tort typique croisé notamment dans les westerns. L'acteur Ben Johnson se fait l'interprète de cette figure ultra charismatique de la police fédérale. Implacable et imperturbable, il avance sans se retourner avec un seul but en tête, tuer Dillinger. Dans le film de Milius, il ne cesse d'éradiquer le crime en défiant tous les grands gangsters de la période et son tableau de chasse est impressionnant. Le réalisateur prend le temps d'installer le personnage de Purvis grâce à des séquences d'actions et de traquenards dont il est le héros. Les deux figures principales du film sont donc traitées avec le même égard, ce qui donne plus de corps à la dualité gendarme voleur. Ce n'est qu'après un long chassé-croisé qu'ils seront enfin confrontés pour les besoins d'une épique fusillade matinale.

Les années 30 sont parfaitement restituées, on s'y croirait. Rien est oublié à commencer par les armes et notamment les célèbres sulfateuses de l'époque, les voitures aussi... mais c'est surtout l'ambiance du film qui plaît avec une bande son en adéquation parfaite avec l'imagerie de l'ensemble. Les courses poursuites caméra embarquée sur les chemins de terre sont criantes de vérité, on est loin, très loin des films de studio de l'époque et leur mise en scène plate et classique, ici tout est fureur, tout est mouvement.

Vous l'aurez sans doute compris, Dillinger de John Milius, tourné en 1973 est un chef d'œuvre du film de gangster, un long-métrage à la mise en scène époustouflante et aux personnages charismatiques. Parfaitement imagé, ce biopic de haut vol restitue avec frénésie les aventures de Dillinger et sa bande sur fond de crise économique massive.

A noter que l'actrice Michelle Phillips qui incarne Billy Frechette, la fidèle compagne de Dillinger est aussi connue pour être un des membres fondateurs du groupe The Mamas & the Papas.

Aucun commentaire: